Entarte Saxophon
L’ensemble « Saxo Voce » réinterprète deux pièces, d’«art dégénéré» dixit le régime nazi: Hot Sonate de Schulfhof, ainsi que des extraits de l’Opera « Die Dreigroschenoper » de Kurt Weill.
Biographie
Dans un désir d’innovation, Thibaut Canaval fait le pari fou de fonder en 2010 un ensemble de saxophones regroupant toute la famille des saxophones. L’ensemble « Saxo Voce » était né !
Cette fougue et cette volonté pionnière sont le fruit d’un constat : le Saxophone est reconnu et apprécié du grand public mais n’a pas encore réussi à s’imposer comme le piano ou le violon.
Or cet obstacle incite l’Ensemble « Saxo Voce » à s’attaquer à ce défi : le chantier de la transcription, véritable fer de lance de l’ensemble « Saxo Voce », s’attelant avec hâte et plaisir à la transcription, soucieux de mettre en valeur les fantastiques et diverses qualités du Saxophone.
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Entarte Saxophon
Le saxophone, un instrument « dégénéré » pour le régime nazi qui en fit la couverture du programme de son exposition sur « l’ Art Dégénéré » en 1938.
En raison du caractère politique du régime totalitaire Allemand depuis l’accession d’Hitler à la Chancellerie en janvier 1933, la non liberté artistique s’imposa rapidement permettant au régime Nazi d’interdire l’art moderne pour mieux conserver l’art classique.
L’art dégénéré, « die Entartete Kunst » en Allemand, fut ainsi nommé pour toute œuvre qui ne correspondait pas aux critères esthétiques et idéologiques des Nazis. Le terme d’art dégénéré fut prononcé pour la première fois par Joseph Goebbels, le ministre chargé de la propagande du Reich. Fut qualifiée d’art dégénéré toute œuvre ne correspondant pas aux critères esthétiques et idéologiques des nazis.
Au début du XXe siècle le succès du Jazz en Europe a rapidement posé problème au régime nazi qui le considère comme une musique dégénérée. Il en interdit rapidement l’écoute. Cependant, l’attrait de la population pour le Jazz menace l’écoute de la radio officielle, instrument indispensable de la propagande du Régime !
Pendant les « Années Folles » Joséphine Baker et Duke Ellington se produisent dans les grandes capitales européennes. La population « swingue » sur de nouveaux rythmes. L’engouement pour ces rythmes modernes est rapide. Une véritable fascination se développe. La controverse idéologique à l’égard du jazz prend corps en Allemagne dès le début des années 1930. La modernité qui caractérise cette décennie est réduite au silence dès l’avènement d’Hitler au pouvoir en 1933.
L’exposition «Entartete Musik» s’ouvre en mai 1938 à Düsseldorf, sous l’égide des responsables culturels nazis. Elle fait suite à l’exposition inaugurée par Hitler consacrée à l’art dégénéré. Furent ainsi diffamés à Düsseldorf le «bolchevisme musical», la musique atonale, le jazz et naturellement la musique des compositeurs juifs. L’étude des œuvres mises à l’index au nom de la nécessaire épuration de la vie musicale allemande montre qu’au-delà du rejet de la modernité, tous les styles étaient concernés, l’origine raciale de leurs auteurs constituant en réalité un critère surdéterminant. Cette exposition n’était que l’aboutissement d’une politique annoncée par les nazis bien avant 1933 et mise en place dès leur arrivée au pouvoir. Ses conséquences sont aujourd’hui encore incommensurables, car elle a réduit au silence l’élite musicale qui avait fleuri sous la république de Weimar. Qu’ils aient disparu en déportation ou dans l’anonymat de l’exil, ces compositeurs n’ont toujours pas retrouvé la place qui devrait être la leur dans la vie musicale de notre temps. L’ensemble « Saxo Voce » a donc choisi d’interpréter des extraits de « Die Dreigroschenoper » de Kurt Weill arrangé pour ensemble de saxophones et la « Hot-Sonate » d’Erwin Schulhoff arrangée pour soliste et ensemble de saxophones avec l’aimable participation de Jean-Yves Fourmeau.